Les pages marquantes de la vie

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Cecile Brahy, a wife of Victor Loupan, tells us his multifarious personal history (in French)

   Victor Loupan est né en 1954, en URSS.

  Il y fait ses études primaires, secondaires et ses deux premières années universitaires à la faculté de philologie romane.

  En 1970, un conflit politique aigu oppose son père aux autorités soviétiques. Conflit qui trouvera son aboutissement en 1974, quand la famille sera poussée à l’exil.

  Installé d’abord à Bruxelles, Victor Loupan est admis à l’INSAS, école réputée de théâtre et de cinéma, où il rencontre sa future épouse, Cécile Brahy. Il fonde ensuite avec elle le Théâtre Cévi Loubrah, pour lequel il écrit et met en scène trois spectacles : « A l’amazone » d’après Marina Tsvétaïéva, « Gamineries », un cabaret dont il compose la musique sur des textes de Verlaine, et « Thérèse d’Avila » d’après les écrits de la grande sainte.

  En 1982, il quitte la Belgique pour les Etats-Unis, où il enseigne pendant deux ans à l’Université, en Louisiane. Il passe ensuite une année à Los Angeles, au prestigieux American Film Institute, pour lequel il réalise trois moyens métrages de fiction : « The barbarians » d’après Patricia Highsmith, « It was all good » d’après Truman Capote et une comédie « Ivan in paradise » qu’il écrit et réalise sur le mariage blanc d’un émigré russe aux Etats-Unis.

Joseph Brodsky et Victor Loupan Photo issue des archives familiales

En 1985, Victor Loupan s’installe en France où il réalise quatre films documentaires produits par Arte, France-2 et France-3. De nombreux articles de presses en témoignent. Le premier « Soldats perdus », consacré aux prisonniers soviétiques en Afghanistan, fait le tour du monde, et provoque l’ire de l’URSS. Ensuite « Soldats perdus 2 » où il a retrouvé au Canada les soldats qu’il avait interviewés en Afghanistan. Il a aussi réalisé le documentaire de référence sur le prix Nobel de Littérature « Joseph Brodski : poète russe, citoyen américain » et enfin « Moldavie, rêve de liberté » reportage réalisé lors de la chute du communisme, en 1990, sur les aspirations de la république soviétique dans laquelle il a grandi.

Il est aussi un proche collaborateur d’Andrei Tarkovski pendant les deux dernières années de la vie du grand cinéaste.

En 1986, il débute dans la presse écrite, à l’Express et à VSD. Entre 1986 et 2000, il publie plus de 200 reportages dans le Figaro Magazine, articles régulièrement cités dans les revues de presse des radios. Quadrilingue (il parle russe, roumain, français et anglais), il couvre notamment la chute du communisme dans les pays de l’Est : les remous de la prise de pouvoir par Eltsine, la chute de Ceausescu, les guerres de Yougoslavie, du premier bombardement en Slovénie à la guerre du Kosovo, où il sera un des deux seuls reporters français sur le terrain, ainsi que les deux guerres de Tchétchénie. Il fait aussi des reportages culturels : les boîtes peintes et icônes russes de Palekh, les tapis et les chevaux akhal teke du Turkménistan, les chevaux Orloff, les maisons d’écrivains (Faulkner, Tolstoï, Tourgueniev, etc.) Il rédige également des interviews fleuve de grandes personnalités : André Tarkovski, dont il a recueilli les dernières paroles publiques, Noam Chomsky, Alexandre Zinoviev, Joseph Brodsky, Susan Sontag.

 Victor Loupan est aussi l’auteur de nombreux livres, publiés en France, en Allemagne, en Pologne, au Portugal, en Roumanie et en Russie, notamment « La révolution n’a pas eu lieu » sur la chute de Ceausescu, « L’argent de Moscou » sur le financement du PCF par l’USSR, « Le défi russe » sur l’arrivée du Poutine au pouvoir, livre qui a marqué par son caractère prémonitoire, « Le saint tsar » sur Nicolas II, dernier Tsar de Russie, « Le désarroi » son seul roman, « Enquête sur la mort de Jésus », et en 2017 « Une histoire secrète de la révolution russe ».

Victor Loupan mène ensuite une carrière d’éditeur. D’abord aux Editions des Syrtes, puis aux Presses de la Renaissance où il publie notamment une Bible illustrée des chefs d’œuvre de la peinture occidentale, préfacée par Régis Debray, qui a fait date. Il fonde ensuite sa propre maison, Les Editions de l’Œuvre, où il publie notamment le prix Nobel de Littérature Svetlana Alexiévitch, ainsi que le bestseller « Le prix à payer » sur la conversion de l’Iranien Joseph Fadelle. Malheureusement, les crises économiques de 2008 et 2011, l’obligent à fermer sa maison. Il devient alors directeur éditorial des éditions Le Rocher.

Victor Loupan est également, depuis 2006, président du comité éditorial et rédacteur en chef de La Pensée russe, journal de référence de l’émigration russe en Europe fondé à Paris en 1947, et de son supplément Le Messager orthodoxe. Il est aussi collaborateur régulier de la Literatournaïa Gazeta, le plus grand journal culturel de Russie, qui a publié hier un grand hommage à son sujet.

Victor Loupan avec sa femme Cécile Brahy Photo issue des archives familiales

Victor Loupan a longtemps participé au « Grand débat » du vendredi matin, sur Radio Notre Dame, dont il est devenu en 2013 l’un des animateurs principaux. Il a commencé par animer « Lumière de l’orthodoxie » et deux émissions culturelles « Surexposition » sur l’actualité des beaux-arts et « Ecrans & Toiles » sur le cinéma. Depuis 2019, il anime l’émission quotidienne « Culture Club ».

En 2014, Victor Loupan renoue avec le cinéma en devenant professeur à l’Ecole Georges Méliès fondée par Franck Petita, un des plus prestigieux instituts d’enseignement du cinéma d’animation en France. Il donne des cours de Grammaire du Langage Cinématographique et d’Analyse filmique. Il y révèle un talent de pédagogue né, aimé autant de ses confrères que de ses élèves.

Victor Loupan est aussi une figure de l’orthodoxie russe. Apprenant son décès, le Patriarche Cyrille de Moscou a publié une lettre d’hommage dans laquelle il évoque leurs nombreuses rencontres, lorsque Mgr Cyrille était Président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou. Le patriarche dit de lui, l’appelant par son nom russe : « Je peux témoigner avec conviction, que toute division dans l’Église blessait le cœur de Victor Nikolaïevitch. » Mgr Cyrille évoque également les grands efforts que Victor Loupan a déployé, en tant que paroissien de la cathédrale Saint Alexandre Nevski à Paris, pour rétablir l’unité entre l’Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale et son Église-mère. Le patriarche se félicite aussi que Victor Loupan ait pu assister, en 2019, à l’événement tenu avec un grand faste à Moscou, pour clore ce chapitre d’un siècle dans l’histoire de la diaspora russe et de l’orthodoxie en Europe. Victor Loupan est membre du Conseil pour la culture du Patriarcat de Moscou.

  Il est marié avec Cécile Brahy avec laquelle il a eu quatre enfants et onze petits-enfants.

Suite à l’annonce de son décès, le 22 janvier 2022, une déferlante de messages d’affliction et d’affection s’est déclenchée, venant de France, de Belgique, de Russie, de Moldavie, de Roumanie, d’Angleterre, des Etats-Unis. Les offices religieux pour le salut de son âme ont été célébrés en quantité tant dans l’Eglise orthodoxe que dans l’Eglise catholique. Sa famille tient à remercier du fond du cœur tout ceux qui se sont ainsi manifestés.

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